mercredi 28 décembre 2011

bonjour et bienvenue

lundi 13 avril 2009

Ibn-Khaldoun Abdel-Rahmane et le mouvement de l’Histoire

Né en Tunisie en 1332, Ibn-Khaldoun fréquenta une école coranique à Tunis. Ayant appris le coran par cœur, il put accéder à des cours de théologie, de philosophie, de sciences naturelles et de mathématiques ; au terme desquelles, il mérita le titre de Docte. La vie de cet homme fut une vraie odyssée ; ayant survécu à la peste qui ravageait le pays, il dut s’installer au Maroc, où il occupa un poste politique important. Peu de temps après, il fut en Grenade- à l’époque sous le règne des musulmans- ; ville qu’il ne tarda pas de quitter pour un poste de Premier Ministre en Algérie. De là, il mit de nouveau le cap sur l’Egypte. Nommé Professeur à El-Azhar, il comptait s’installer définitivement au Caire. A cet effet, il envoya demander aux membres de sa famille de l’y rejoindre. Malheureusement, ils durent périr en mer au cours d’une tempête- qui n’aurait pas épargné ses écrits antérieurs. De tout ce qu’il avait consigné par écrit, on ne lui connait que El-Moqadima :(L’introduction).
Sa biographie présentée d’une manière succincte, aurait peu importé dans cette étude, s’il n’était pas question de faire valoir la connaissance pratique éclairée, sur les constructions doctrinaires effectuées au chaud des cheminées. Il faut dire que cet homme ayant l’expérience du pouvoir, n’avait pas cessé d’assister à des grandeurs et des misères des dynasties arabes, qui – comme ce fut le cas de l’Empire musulman en Espagne – ne pouvaient à cette époque connaitre la stabilité. L’opulence des villes qui attisait la convoitise des Bédouins menant une vie austère dans le désert, le luxe qui adoucissait les mœurs au point de transformer en proie facile ceux qui en profitaient, les sauvages qui investissaient les villes et imposaient leur règne aux civilisés… Ibn-Kaldoun, fut aussi témoin de deux événements majeurs, à savoir ; le commencement de la fin de la civilisation arabe en Espagne – comme par tout ailleurs - et l’invasion du Moyen-Orient par les Mongols. Il avait appris que l’Histoire mourait pour renaitre de ses cendres et que la constance s’effectuait dans le changement éternel : un passage de la stabilité au trouble et du trouble à la stabilité. Pour toute civilisation, il assignait une fin. A l’instar des hommes, les civilisations vieillissent. Il n’y a rien qui soit durable. Ce volet de connaissance, l’emmena à creuser dans l’inter-changement, afin d’en déduire le mécanisme de la transformation. Il en vint à déduire que tout tient à la culture, laquelle favorise ou défavorise le processus d’urbanisation (El- omrane).
Pour comprendre la pensée de cet homme, il serait préférable de la reconstituer dans l’ordre, en suivant la prolifération du filon, en revenant sur traces. Et de là, établir une comparaison entre sa théorie et celle de Hegel.
Dans le premier chapitre de son premier livre, il évoque les raisons pour lesquelles l’être humain est contraint de vivre en communauté. Des trois pages qu’il a consacrées à cet effet, je ne retiendrai que l’essentiel – sachant que je traduis de l’arabe.
*Les hommes sont contraints à se constituer en rassemblement.
- Pour des besoins de sécurité ; les animaux représentaient pour l’Homme un danger vis-à-vis duquel, il avait fallu se protéger ingénieusement ; force est de se constituer en horde et de fabriquer les instruments nécessaires à cet effet.
- Pour subvenir à leurs besoins, les gens doivent se partager les innombrables tâches nécessaires à leur survie : construction de leur logement, production de leur nourriture, fabrication d’ustensiles dont ils ont besoin pour leurs différents usages.
- La vie collective suppose l’organisation ; d’où nécessité de se soumettre à un pouvoir de tutelle.
*Etant donné que le pouvoir implique l’existence de celui qui l’exerce, et que d’autre part, tout pouvoir impose la crainte, il parait normal que la conquête du pouvoir s’effectue forcément par l’usage de la violence, jusqu’à ce qu’il y ait un vainqueur et un vaincu.
- Dans un tel contexte, la conservation du pouvoir vaut ce que vaut sa conquête et requiert des prérogatives à savoir : la cohésion et les valeurs adoptées en vue de le conserver. Ibn-Kaldoun considère, à ce juste titre, l’équité comme le soubassement de toute civilisation et l’humilité du roi comme condition sine qua none pour le maintien du royaume.


Selon Ibn Khaldoun, dynasties et civilisations doivent connaitre un passage par trois cycles : gestation et naissance, croissance et puissance, dégénérescence et déclin.
- La phase de gestation se caractérise par l’opposition d’une force émergeante à un pouvoir en place dans le but de le relayer. Cette période se caractérise par la recrudescence des troubles, des escarmouches et des rivalités, sous forme de dissensions intestines. Dans certains cas, la prise du pouvoir s’effectue suite à une incursion afférente à un vivier extérieur.
Dans les deux cas, la conquête dépendra de deux facteurs : la prédominance de l’agresseur et la défaillance de l’agressé. Prédominance distinguée par des valeurs qui sous-tendent la vigueur et le mérite. Défaillance marquée par l’effritement de la communauté, la décadence des valeurs et l’engourdissement de l’instinct guerrier.
- Dans ce même contexte, les nouveaux détenteurs du pouvoir, le plus souvent des bédouins descendus des steppes, nourriront à la longue des affinités pour la stabilité, un goût pour la luxure. Bientôt, ils substitueront au bouclier de leur cohésion des remparts renforcés. Déjà, la dégradation aura rogné leurs relations ; lesquelles entachées de convoitise et de cupidité, auront présagé le début du déclin.
Ceci étant, tout pouvoir recèle les conditions de sa grandeur, mais aussi celles de son déclin. Toute civilisation est sujette à un dépérissement afférent à des prédispositions naturelles à la mort. L’auteur d’El Moqadima (L’introduction) associe la vie d’une institution à la vie de tout être- et en particulier, l’être humain.
L’apport de Hegel :
A cette dynamique cyclique propre à la vie des dynasties et des civilisations, Hegel va adjoindre la conscience. En lui imputant les transformations constatées dans le déroulement des évènements historiques, il lui confère un rôle moteur dans l’apparition des cycles. Cette nouvelle donne par laquelle, il place la conscience à la solde de l’Histoire, suscite un débat sur le caractère de l’alliance : Histoire/ conscience, d’autant qu’on ne sache pas exactement si l’apparition des cycles pouvait être ramené à l’activité de la conscience ou tout simplement à un programme a priori au sein duquel doivent s’unir ces deux entités.
Pour ce qui est de l’Histoire, Hegel établit que les passages linéaires sont ponctués de phases de transition situées sur un vecteur d’accomplissement, indépendamment de la volonté des hommes. Dès lors, la volonté humaine est écartée de l’équation, en faveur d’une autre raison : celle de l’Histoire. Mais, en dénuant la conscience de la volonté, quelle signification pouvait revêtir la responsabilité et à plus forte la conscience en tant que telle ? Ibn- khaldoun impute le changement à la volonté et la dégénérescence à la nature de la vie. A l’instar de l’Homme, la civilisation est éphémère. Sous l’impulsion de leur instinct de domination, des groupes conscients de leur force, tendent à s’attaquer à ceux qui sont vulnérables en vue de les soumettre à leur règne. Bientôt le grand empire, qu’ils auraient conquis et embastillé connaitra l’affaiblissement, la sénilité et le déclin. De l’omnipotence de l’empire qui fut un jour l’emblème de leur victoire sur l’Autre, il ne restait plus que les signes diffus d’un passé glorieux, souvent de tristes amas de décombres.
Bien que Hegel ne nie pas l’éminence de la décadence des pouvoirs au zénith de leur force, il refuse de situer grandeur et déclin sur l’axe d’une volonté consciente. Selon lui, la conscience est le produit sous-jacent au processus selon lequel l’essence (l’esprit) s’accomplit au terme de l’historicité de la vie humaine. Ce qui signifie que le mouvement de l’Histoire ne décrit pas une gravitation au rythme d’une structure figée composée de phases - comme ce fut le cas avec Ibn-Khaldoun -. Mais loin de tenir compte de la volonté, il soumet le déroulement au désir : désir de ramener tout à soi, d’assujettir, de se distinguer et de s’imposer….Et c’est dans le conflit avec ce qui lui résiste, que cet instinct qui regarde le monde à travers la fenêtre de la conscience, va s’activer à accomplir la Destinée. Jusqu’ici, Ibn-Khaldoun est encore présent ; des cas de figures similaires prouvent que lui aussi ramène les conflits générateurs de changement à la jalousie, la convoitise, la domination, la tendance à la lascivité et au luxe. D’autre part, ces deux théologiens – bien qu’ils ne soient pas de même confession – s’accordent à imputer au concours de circonstances une version fataliste. Et Ibn-Khaldoun, était clair, à tel point qu’il dut avouer que sa vision de l’Histoire provenait de son interprétation des versets coraniques, qu’il n’omettait jamais de citer en référence. Mais, ce n’est que lorsque Hegel se focalise sur la vacuité de la conscience, que les deux hommes bifurquent sur deux voies divergentes. Comment se seraient-ils rencontrés ? Pure coïncidence ou suite à une lecture tombée dans l’oubli ? Ou bien était-ce voulu que ce ne fût jamais divulgué ? Tout que l’on sait, est que le voyage de Hegel allait connaitre des destinations plus lointaines.
En inférant que la conscience est vide, il va, d’abord, être emmené à lui conférer des substrats extérieurs, sans lesquels, cette entité ne saurait exister. Pût-il en être, autrement ; une fois on avait substitué à la volonté humaine, une conscience transcendantale ? Ceci étant la « virtualité » de la conscience, ne pouvait requérir une forme concrète signifiant un rapport de cause à effet, dans l’activité humaine. Bien au contraire, il serait congru de démontrer, que le cours de la vie ne peut dériver de sa voie préétablie. Ce que Hegel voulait dire par conscience ne relève d’aucune intelligence ; même lorsqu’il démontre l’allure de celle-ci, ses tournures et sa progression. Cette relation au monde en apparence intelligible est d’abord « en-soi » ; c'est-à-dire sous forme de possibilité. Elle ne devient effective, qu’en cas d’objectivation, laquelle suppose deux conditions, à savoir : la manifestation du désir et la réalité d’un objet de fixation. Ce processus nécessite, par ailleurs, que l’objet de fixation préexiste à la manifestation du désir et que celle-ci dépende d’une congruence. Ce qui veut dire, que l’intérêt du sujet relève d’un besoin en rapport avec la situation dans laquelle se meut ce dernier. Un individu affamé ne peut pas avoir les mêmes motivations pour la nourriture que quelqu’un qui est repu. Une femme ne partage pas les mêmes affinités qu’un homme ; il y a lieu de tenir compte de certains facteurs culturels et biologiques… Hegel explique que lorsque la conscience-en-soi est vis-à-vis d’un objet de fixation, il s’en suit que cette conscience animée par le désir tend à ramener à elle cet objet, à l’avoir, en étant elle. A cette démarche, il donne le nom de conscience-pour-soi. Une fois, l’objet convoité est dominé par la conscience, celle-ci retrouve son équilibre à ce stade- auquel il donne le nom de conscience-en-soi et pour-soi. Cette objectivation aurait impliqué, au départ, une part de subjectivité.
C’est à cette étape que la conscience recouvre une sorte d’existence, - plutôt un étant-, il lui a fallu recourir à la conceptualisation de son patrimoine, sans quoi, elle serait incapable de se définir. A moyen terme, les concepts ne signifient plus les objets initiaux, mais les propriétés qu’ils recèlent, en vertu desquelles la conscience peut constituer des catégories. Ce moyen terme, ne clôt pas le processus, bien au contraire, il va se traduire en dialectique à plus grande échelle, sachant que la conscience (sujet) peut devenir conscience (objet) ; c'est-à-dire son propre objet et dans un cadre plus conventionnel, la conscience des uns s’était toujours opposé à la conscience des autres : cas des chocs de civilisation, guerres de domination, luttes de classes…
Dans ce cadre dynamique situé sur le vecteur d’une histoire cyclique, les catégories paraissent des articulations historiques rendues possibles grâce à l’activité de la conscience. Mais, comment explique-t-on, que ce déroulement aussi linéaire, qu’il puisse paraitre, soit sujet à des dégradations récidivantes ? Sans ôter au processus son caractère évolutif, Hegel accepte le fait, que l’Histoire, doive, néanmoins, connaitre des moments de désagrégation, non moins positifs que les temps favorables ; étant donné que chaque étape recèle le legs de sa précédente, auquel elle apporte sa propre contribution. Avec Hegel, il y a lieu de parler d’une combinaison de deux phénomènes régis, chacun par ses lois internes. D’une part nous sommes vis-à-vis d’une Histoire effectuant son passage par des phases et des catégories et d’autre part, face à ce phénomène d’allure stable, la conscience humaine perturbée par les impulsions d’un désir insatiable, ne peut que venir à bout de sa choséité pour atteindre le nirvana. Je voudrais parler de ce cursus exogène qu’est l’Histoire, dont le sort est conjointement enchaîné à une activité humaine instable ; laquelle par-delà son rôle de réceptacle aux forces de l’Histoire, se définit comme l’ultime instrument adéquat pour l’avènement de sa fin. Cette réciprocité à l’envers, dans (histoire/conscience) dérivant d’une corrélation : activité humaine exercée sur la matière / survenance de modifications conceptuelles s’opère au gré des lois sous-jacentes à la nature dialectique de l’Idée allée dans le sens de la fatidique unification : conscience-en-soi avec conscience-pour-soi. Mais au préalable, ce processus suppose, qu’à chaque idée corresponde son contraire, qu’à chaque entreprise corresponde une contrainte et qu’à chaque affirmation corresponde une négation. Autant dire que le désir de modifier la réalité oppose le Je à l’altérité de la réalité, parfois à son insuffisance face à des défis accrus dans le but de contenir la toute réalité ou plutôt de la ramener à lui, au terme de son désir.
Comme il est sus indiqué, dans le cas de l’opposition à d’autres consciences, le sujet tend à les assujettir, du moins à les maitriser. La conscience n’ayant été, au départ, qu’un processus régi par le désir, va devenir elle-même réalité objectale et s’affecter des modifications nécessaires à la réalisation du Grand-Projet universel ; celui de la liberté, laquelle une fois atteinte, la fin de l’Histoire est annoncée. De ce fait, l’ordre logique des accommodations de la conscience, s’avère le reflet d’un concours naturel de deux processus ( lois ou forces naturelles déterminantes/ conscience), par le biais desquels vont aboutir simultanément deux fins : la rupture avec la substantialité et la fin du désir et ce, au terme d’un périple de synthèses dichotomiques, de luttes et d’arrangements avec le milieu ; une sorte de conciliation générant des situations d’équilibre ; néanmoins transitoires, sur le long parcours des contradictions au terme desquelles s’annonce le négatif de l’effort humain ; puisque on conclurait sciemment que tout n’était qu’ironie du sort.
Aussi bien Hegel qu’Ibn- Khaldoun, tous deux croient que la civilisation est éphémère. Condamnée à connaitre l’usure et la sclérose, elle se verra dans l’obligation de céder sa place et de se fondre dans celle qui la succédera. Cette dernière prendra pour un certain temps la relève, en vertu de sa prévalence. Hegel aurait vu dans cette prévalence l’expression d’une adéquation avec la nouvelle réalité prescrivant obligatoirement un passage à un autre cycle ou à une catégorie sur la voie de l’Histoire.
Que devons-nous tirer de ce tour d’horizon, sinon que le sort humain est préalablement scellé. Condamné à se mouvoir au gré des lois préétablies, la vie se limite à une obéissance respectueuse à la règle du jeu, celle qui veuille qu’il ne dépende pas de l’individu d’accélérer le cours de l’Histoire. Sur ce, même Marx s’accorde avec Hegel. Aussi, a-t-on considéré qu’à la limite, on pouvait s’éreinter à bosser, afin de d’accélérer le processus, au bout duquel on verrait une lueur. Et qui garantit, que cette prétendue finalité ne serait pas un feu-follet ? Etant considéré a priori, qu’aussi longtemps que dure la vie, la contradiction ne peut que se reproduire pour alimenter le mouvement de l’Histoire. De quelle manière fataliste va-t-on l’arrêter, cette Histoire, afin d’empêcher la vapeur de se renverser? Certains ont vu utile de l’annoncer prématurément. Que signifie cet empressement ?
De toute façon, jusque-là, il ne s’est agi que d’un état de fait.

vendredi 13 février 2009

Gaza face à une arme nommée temps

On a souvent défini la praxis comme la transition qualitative permettant une traduction mesurable du top des connaissances en capital pratique. D’autre part, on a même supposé que le niveau psychique d’une société s’évalue en fonction des données de cette conversion. Mais, si probante que puisse paraitre, cette mesure appliquée à des phénomènes observables, elle demeure, néanmoins, un indicateur approximatif ; étant donné son caractère restrictif et de surcroît, son incompétence à accéder à des données sous protection de monopoles privés et de centres névralgiques. Dans un tel contexte tronqué, une bonne partie de la technologie de pointe à usage civil est inhérente à des applications militaires révolues et par conséquent, on trouve difficulté à les imputer à une croissance liée à une économie civile. Ceci montre que la base de données s’avère déjà incomplète pour tout acte de certification. La manifestation du génie pourrait-elle être circonscrite dans le militaire ?
Aussi, est-il communément convenu, que la réussite d’une stratégie militaire dépend du degré de probité de la praxis ; soubassement dont seul l’Etat détient réellement les coordonnées. Il est, donc plausible, de supposer que seules les manœuvres militaires soient capables d’affirmer ou d’infirmer cette probité. C’est en cela que consisterait le travail des experts. Mais auparavant, cette même compétence experte aurait défini les priorités et ajusté les moyens en fonction des objectifs requis. De telles implications présupposent qu’on tienne compte de l’adéquation : nature de l’objectif/caractère des opérations dans un facteur-temps ; étant entendu que le dispositif destiné à une guerre préventive diffère de ce qu’on investirait, s’il s’agissait d’une guerre punitive ou d’une démonstration de force de courte durée. En principe, la vie d’une entité culturelle dépend souvent de la véracité de ses options militaires ; forcément, dépendantes de son niveau intellectuel.
En partant de ce principe, comment se présente la guerre à Gaza ?
A ma connaissance, cette guerre ne figure dans aucun registre de guerres conventionnelles. De l’inédit ? Oui, mais en quoi, elle diffère? A s’emparer d’un territoire, déjà colonisé ? A détruire l’infrastructure, afin de freiner l’essor d’une économie- fantôme ? La liste des paradoxes est longue. Et on peut perdre son temps à lui chercher équivalent d’absurdité, sans qu’on trouve l’ombre d’une approche. C’est en qui semble un aléa que réside le niveau psychique inhérent à cette praxis! Toutefois, il fallait, peut-être, remonter à des événements antérieurs au blocus et creuser dans le caractère colonialiste d’Israël, dans l’espoir d’emprunter la bonne piste – à cause des interférences : religion, souffrances, pouvoir de l’argent et intérêts combinés avec ceux de l’occident, non respect des conventions… On comprendrait mieux, si on parvenait à lier blocus, armes occultes, catégories de victimes, effets psychologiques escomptés, et en définitive l’état final de Gaza à moyen terme, en tenant compte du patrimoine scientifique de haut niveau d’un peuple créé pour guerroyer. Parce que, s’il s’était agi de neutralisation du Hamas, la guerre aurait été menée, autrement. Et puis, ce n’est pas gratuit, le fait de maintenir l’état de siège, après l’arrêt du feu. Il y a là, toute une praxis à la disposition d’un processus à effet retard… Et cette praxis prend bien compte du facteur temps et l’investit comme une arme. D’ailleurs, le maintien de la population dans misère édentée est un fait, qui parle de lui-même. Après tout ce délabrement comparé aux effets d’un typhon, et on cherche encore à accentuer la pression par la faim, la précarité et l’exposition aux maladies! L’usure. Quel effet a la carence nutritive sur les deux instances: physique et psychique ? Aucune théorie n’est en mesure de donner un aperçu exact des phénomènes afférents à une telle affection. Il faut l’avoir endurée, pour en parler.
En 1969, j’étais dans une localité à plus de dix kilomètres de Maknassy, quand à la fin de novembre le ciel s’embrasa de milles éclairs et que des pluies torrentielles se mirent à tomber. Plus qu’une pluie ; c’était un vrai déluge. En quelques heures, la zone fut réellement saccagée. Il avait plu toute la nuit, sans répit. Au lever du jour, on était coupé du reste du monde sous une pluie qui présageait l’apocalypse. Une semaine plus tard, la population, en majorité de pauvres paysans, avait faim. Et cet état devait perdurer, tout le long de l’état de siège imposé par l’impossibilité d’accès à un centre d’approvisionnement, puisque les deux villages les plus proches n’étaient point en meilleur état. A un mois du début de la crise et alors qu’on ne finissait d’endurer des chutes à intermittence, je commençai à assister à un changement de comportement chez les habitants lésés par la famine. Aux alentours des campements de fortune, se tenaient des réunions sans intérêt. On parlait trop pour ne rien dire, lors même qu’on devait conserver son résidu d’énergie. Certains se réjouissaient de monologuer à satiété. Au zénith de cette crise, les voix s’atténuaient au profit d’un sentiment de suspicion. On prenait, peut-être goût à se disputer, mais tout en restant assis. Ce fut comme si on avait paniqué. Pour ma part, j’étais sujet à des hallucinations que je prenais pour des visions béatifiques, et je m’en réjouissais avec… Autant dire, que l’aspect spectral de mon corps famélique me convenait. Il est probable que mon estomac, n’avait plus de quoi produire ses sucs et que mon psychique affaibli m’enrôlait pour me maintenir en vie. Mais au terme de cette crise, j’avais compris que la vie de mon corps avait dépendu d’un potentiel lié à une volonté indicible en rapport avec l’extraordinaire performance de mes cellules.
Ce récit, quoique succinct n’aurait pas raison d’être dans un tel contexte, s’il ne s’accordait pas avec la situation actuelle à Gaza ; où depuis presque deux années consécutives, s’ajoutait à une vie à ciel ouvert en plein hiver, le manque du strict minimum nécessaire. Il paraît que les résultats escomptés de cette pénurie dépasseraient l’instauration de la rétorsion comme régime dans l’ultime but de plier le Hamas. Etrangement, il y a même une absurde intention à l’apprivoiser, tout simplement. Ce serait donc, en vue de disposer d’une rallonge de temps, permettant la fixation des séquelles métaboliques imparables au niveau cérébral de l’ensemble de la population. Plus que des stigmates psychologiques : des déficiences psychosomatiques. (Somatique : physique). L’ultime but serait d’obtenir un effet-retard capable de générer un état de torpeur générale empêchant l’émergence ou plutôt la récidive au sein du vivier de la lutte armée, afin qu’aucune voix ne se lève plus et pour qu’aucun doigt n’appuie plus sur la détente. Coordonnée avec les dommages imperceptibles émanant de foyers d’irradiation par suite de leur bombardement, cette même tare serait en mesure de dégénérer en mort lente. L’éradication en progression. On déportera, une fois que ça soit fini, les survivants assagis ailleurs et on considérera le dossier clos. Et d’ailleurs, à qui pourrait-on s’adresser, du moment que la pègre a osé bombarder dans l’impunité Croix rouge et UNRWA ? Voilà, en quoi investissait-on dans la recherche scientifique ! Les abysses d’un travail dans le noir, ayant tenu compte du laxisme international vis-à-vis de ceux qui ont de quoi se placer au-dessus de la loi.
Eût-ce été suffisant pour cette démocratie prospère du Moyen-Orient ? Certes, que non ! Et à plus forte raison, que ceux qui ont orchestré cette valse macabre tablaient sur une guerre globale, dans laquelle, ils investiraient les connaissances du monde réunies, afin d’obtenir à moyen terme plus qu’une capitulation. Quoi ? Une terre sans peuple ! Pour ce faire, ce maudit crime à l’encontre des habitants de la minuscule Bande de Gaza, devrait outrepasser ce qui est d’usage, pour inaugurer un champ d’application spécialisé dans l’annihilation des peuples par le biais de la destruction de leur volonté et l’ablation de leur instinct de conservation. Le nouveau concept, dont use, cette belle démocratie moyenne-orientale, s’inspire des méthodes tortionnaires de lavage de cerveau. Et pour expliciter la notion, disons, tout bonnement : la destruction de la conscience. Il va sans dire que le terme « lavage » est très péjoratif, car un cerveau ne se lave pas ; il se vide, tout en conservant certaines de ses fonctions corticales : la zone du langage, une mémoire – quoique confuse, un semblant de raisonnement sous inhibition, une motricité quasi- normale à cause d’une éventuelle présence de manies... Au terme d’un insupportable supplice, le sujet ne se reconnaitra plus. Il aura été transformé en une ombre. Inconsciemment, il cherchera à qui se soumettre. Il n’aura plus de volonté, car à la place, on lui aura mis un animal apeuré, tourmenté, hystérique, susceptible de s’embobiner, faute de concentration. Les détracteurs misent sur l’apparition d’individus susceptibles, faciles à manipuler, prêts à se suicider. Le plus spectaculaire dans cette agressivité à écho amplifié, c’est que le sujet sublime son tortionnaire au point d’aimer s’identifier à lui. Il voudrait tant se mettre à la place de l’Autre omnipotent et de reproduire sur son proche entourage la rude épreuve à laquelle on l’avait soumis. Et pendant que l’environnement produisait son effet, à partir de ce qu’on ingurgitait, le métabolisme déjà altéré par les facteurs psychosomatiques, accélérait le déclin. Sous le chapeau de l’assaillant plus d’une manière de s’en prendre à la source de la vie : les organes. Ces gens ne veulent pas la paix. Ils veulent la terre. Et, ils la veulent purifiée. Oui ! Le beurre et l’argent du beurre ; sinon à quoi bon être gâté ? Mais, ils oublient- quand même- un tout petit détail ! Bientôt, ils s’en rendront compte, qu’avec la Conscience, on ne joue pas à l’apprenti-sorcier. Tôt, ils l’auront compris. Les techniques béhavioristes qu’ils malaxent s’arrêtent, où commence, ce à qui, ils n’ont jamais cru : l’Homme - le produit d’un passage géologique long de plusieurs millions d’années ; la quintessence d’une conscience de cent mille ans d’Humanité ponctués de catastrophes et de renaissances dans la continuité. Un cursus, pendant lequel toute détresse engendre un niveau supérieur de volonté ; sans oublier que la volonté est antérieure à la conscience…Et pourtant et même…, il appartient aux palestiniens de savoir, de leur part, rallier le temps à leur cause.
Abdallah Jamoussi

Gaza, pour s’en souvenir

La bande de Gaza est un territoire palestinien coincé entre l’Egypte et Israël. Elle borde la côte de la méditerranée en rectangle de faible largeur. Ce petit territoire de la Palestine historique a été colonisé par Israël en 1967, pendant la guerre des six jours. Comparé au pays sous l’occupation, il serait de l’ordre d’une pincée sur le bord d’un gâteau : aux environs de 360km2. Espace exigu et intensément peuplé, cette Bande – comme on l’appelle -, manque de tout et ne peut subvenir aux besoins de son million et demi d’habitants, dont la moitié tient en vie, grâce à l’aide humanitaire distribuée par l’UNRWA. Aux difficultés inhérentes à la pénurie s’ajoute le bouclage imposé par l’occupant qui tient cette population en séquestre entre quatre murs drastiquement surveillés. Dans ce pénitencier sans âme, les pauvres gens devaient, depuis plusieurs mois, subir le calvaire de longues coupures électriques sous-jacentes à l’embargo imposé sur le ravitaillement de la cité en carburant. Cette mesure a dû, de surcroît, affecter les services de transport et d’assainissement. On pouvait toujours aller à pied, mais comment faire pour cuisiner, pour éclairer, pour pomper de l’eau potable ? Et ce n’est pas tout ; malgré le dénuement qui frappe une population en détresse, Israël déclare furtivement la guerre à ces miséreux. Les raids du Tsahal soutenus par des chars sur le sol et des destroyers le long de la côte transforment, en quelques jours, ce petit territoire en brasier.

Jamais dans l’histoire des guerres, on n’a assisté à un massacre systématique à l’encontre de civils assiégés. Ceux qui ne meurent pas de faim, meurent de soif ou de maladie- faute de médicaments. Ceux qui survivent en dépit du dénuement, devaient mourir sous les décombres ou au cours des exécutions sommaires dans des bâtiments transformés en camps de détention, aussitôt pilonnés. Les bombardements qui chiadent, séance tenante à serrer l’étau sur la population pour obliger les combattants à baisser les armes, ne laissent pas de répit pour les gens qui font la queue devant les boulangeries. Il n’a pas fallu plus d’une semaine pour que Gaza tombe dans un état comateux. Le tableau dépeint un présent monstrueux, où le stade de l’horreur, de loin dépassé, présage l’effondrement total dans la région du Moyen-Orient. Les séquences que publient les chaînes de télévision font état d’une rage écumée : un abattage intensif de tout âge. Les valeurs humaines ayant été laissées de côté, les lois transgressées, l’hypothèse d’une guerre à large envergure n’est plus à écarter. Cette situation inédite se situe au-delà de l’idéologique, de l’économique et du stratégique, elle dénonce tout simplement la veulerie de la texture culturelle, sur deux bords de commanditaires, qui se disputent crapuleusement le mérite de qui détient la vérité, tout en maintenant des innocents entre leurs feux croisés. La population martyrisée, devrait, à tout prix, être protégée ! Que veut-on de pauvres gens qui ne savent pas au nom de quoi on les spolie ni pour quoi on les tue ? Au moment où j’écris, la conscience humaine a parlé. Les rues ne désemplissent pas, et aux cris s’unissent les armes. On pleure les valeurs bafouées, l’avenir du monde hypothéqué et le sens de la vie avili. Le problème est qu’il y ait un silence complice – de la mort- sur la rive qui profite de cette tragédie morale ; je voudrais parler d’un climat confus imprégné de connivences ; ça a l’air de donner crédit à cette absurde théorie du « chaos positif », dont on a entendu parler en 2006, lors de la guerre du Liban. La preuve est qu’Israël use d’une munition au stade d’essai liée aux armes à effet-retard, pour faire griller les habitants de sa réserve, ou plus exactement de ses camps de concentration de moribonds. Dans quel intérêt, me dites-vous ? On se prépare au pire, dans cette région, où les enjeux sont de taille et où l’agenda ne prend pas en compte la volonté des peuples. Tout se décide ailleurs, à la solde d’autres tutelles.

Le désastre auquel nous assistons, actuellement, n’a pas de nom, pas de visage non plus. Comparée à ce que subissent ces séquestrés, au quotidien, la prison semblerait un luxe ; au moins là-bas, on sert à manger, et une fois blessé, il y a un service qui s’en occupe. Dans cet enfer, on ose empêcher les secouristes d’assister les blessés. Il n’y pas de commune mesure entre être détenu ailleurs et être entre les murs de Gaza : une zone hors-la loi, un désert de haine où le cri de détresse rencontre le silence impassible de l’illégitimité et de la suspicion. La démesure dans la folie, l’outrance dans l’atteinte à l’intégrité humaine! Ce n’est pas suffisant, qu’ils ont vu. Et ils envoient leurs avions faire la peau aux civils qui sortent de chez eux, au cours de la trêve, en quête d’une bouchée pour leurs enfants ou dune gorgée d’eau. Peu de chance pour un blessé, puisqu’on le tuera sur les chemins, s’il ose se diriger vers un hôpital. On bombarde aussi les refuges, les hôpitaux et les reporters. Les médecins, comme tout autre. Tout doit mourir : tolérance, différence, innocence, droit, vérité! Seuls eux ont droit à la vie ; leur idéologie le dit ! Ils sont les élus, les meilleurs. En un mot, c’est du nettoyage ethnique motivé par de grands intérêts !

Je n’ai pas besoin de comprendre autrement, lorsque je vois depuis près de deux décennies, le spectacle insolite de la chasse à l’Homme pratiquée sur des enfants palestiniens qu’on traque, qu’on torture sous l’objectif des caméras, ou qu’on tue à bout portant, de sang froid. Je n’irais pas chercher loin, lorsque des bulldozers saccagent les champs des paysans autochtones et détruisent gratuitement leurs maisons pour étendre leurs colonies. La vérité n’est pas ailleurs, lorsqu’on tue pour tuer ; parce que celui qu’on tue « vaut mieux mort que vivant » ( ?) Que signifie tuer un enfant agrippé à son père-qui ne sera pas épargné à son tour- ; rien que parce qu’ils se sont trouvés sur un lieu de manifestation ? Dois-je me demander si Israël a raison, lorsqu’à l’issue d’une longue trêve, au-lieu d’engager le processus de paix, amorce le renforcement du blocus, sans avoir à se soucier du sort de ceux qu’on a asservis, annihilés, affamés, tués à petit feu.

Ce que je ne comprends pas, c’est qu’en dépit de ce déficit moral, ces gens continuent à parler d’un monde meilleur pour les enfants palestiniens. Serait-ce dans l’au-delà, vers lequel, ils les expédient massivement. Car dans ce monde de haine, à l’édification duquel, ils contribuent, de quel avenir peut-on parler à la vue de deux milles blessés graves, parmi lesquels des enfants mutilés ou partiellement paralysés ? Abstraction faite aux effets-retard des munitions occultes utilisées dans cette sale guerre.

Abdallah Jamoussi

Sfax le 16/01/09

lundi 5 janvier 2009

De Carthage à Gaza, la tare persiste

Le 02/01/09, Nizar Rayène connu comme fort ténor de la lutte contre l’occupation israélienne a préféré périr avec ses femmes et ses enfants sous les décombres, que de quitter sa maison menacée de destruction par l’aviation de Tsahal. Ayant pris acte de l’imminent démantèlement de sa demeure, un autre que lui aurait évacué, afin d’éviter une fin inéluctable. Le pilonnage de sa maison de quatre étages fit quatorze victimes d’un seul coup. Que devons-nous comprendre à l’égard d’un tel sinistre ? Quel message, ces victimes ont-elles voulu adresser à la conscience humaine, avant de rendre leur dernier soupir ? Notons que le défunt fut Docteur en théologie donc il savait à quoi s’en tenir.

En première lecture, sa détermination à attendre la mort sous le toit de sa maison, plutôt que de chercher à préserver sa vie et celles des siens, paraitrait un acte absurde et même négativiste, étant donné qu’on puisse toujours reconstruire ce qui a été détruit, mais à aucun prix, on ne saura ressusciter les morts. Il parait donc, qu’il y a des prévalences qui priment la vie. Un symbole ! Quelque absurde que puisse nous sembler cette position, elle nous renvoie à un événement historique de même signification.

Lorsque en -146, Rome décida de détruire Carthage, les militaires demandèrent aux carthaginois d’évacuer leur ville, faute de quoi, ils seraient écrasés sous ses murailles. On raconte que des femmes carthaginoises étaient venues supplier Scipion d’épargner leur ville et de s’en prendre à elles: « Tuez-nous, faites de nous des esclaves, mais ne détruisez pas Carthage ! ». Leur requête ne fut pas entendue et la plus belle ville de l’époque fut rasée. On aurait demandé aux habitants d’évacuer, mais ils avaient choisi de la défendre jusqu’au dernier, plutôt que de se déraciner et de s’aliéner. Elle était de la surface de Gaza. Edifiée en pâtés d’immeubles de six étages, elle était aussi surpeuplée qu’elle. Ce patrimoine humain fut le joyau de la méditerranée. Saccagé, pillé, démoli, terrassé, brûlé et recouvert d’une couche de sel, - même disparu à jamais-, il hante encore les relations entre Orient et Occident. Le démantèlement de Carthage eut été si terrible qu’il ne tarda pas de se répercuter, quoique un plus tard, en dissensions entre Est et Ouest. Ce crime situé à plus de deux millénaires de notre époque continue constituer une ligne de suture sur une plaie récidivante entre deux mondes, pourtant voisins. En apparence le syndrome se situe au niveau confessionnel, mais dans les faits, il s’agit sur les deux bords d’une répulsion mutuellement démentielle difficile à comprendre, à contenir ou à exorciser. C’est absurde, puisqu’on ne se rappelle de rien. Et pourtant, Carthage est déjà entre deux civilisations. N’ajoutons pas d’autres plaies ! Je sais très bien que les occidentaux qui suivent les actualités s’étonnent de voir affluer de droite comme de gauche des foules prêtes à répondre à l’appel de Gaza. Et ils ne mentent pas, ces gens de tout bord, malgré leurs divergences politiques avec Hames! Même les Kurdes de Turquie se seraient manifestés. Bientôt on verra l’Orient en convulsion, un peu plus tard, ce serait le tour des opprimés qui auraient subi au cours de leurs histoires respectives des états de siège ou la destruction de leurs habitations. Ce sera un chaos irréversible, une fois Gaza rasée. A l’instar de la substance, l’Histoire se transforme, tout simplement. Le conflit depuis Darius entre grecs et perses gite encore dans les abimes des strates de la conscience. Rien ne se perd. Malheureusement, nul ne sait, à quel moment se réveille son démon.

Les politiciens qui mènent cette valse macabre en clapotant dans des mares de sang, peuvent le faire pour le moment à leur guise, puisqu’en tout état de cause, cela leur permettait d’inspirer crédit à leurs électeurs, mais autant que je sache, ces gens obstinés ne sont pas en mesure de calculer les conséquences de leur acharnement démesuré. En règle générale, un politicien ne voit pas plus loin que le programme électoral. Je pense à l’empressement de Tzipi Livni, venue exposer sa stratégie ridicule à l’Elysées, sans pour autant penser à la dimension historique de son entreprise, ni à ses retombées à moyen terme.

Ce n’est pas que je sois contre l’existence d’Israël, mais le fait de voir de quelle manière délibérée ces gens s’en prennent à la vie humaine, « rien que pour affaiblir Hamas ! », me laisse perplexe quant à leur avenir dans cette région. Aucun d’eux ne verrait ce que renaitrait des gravats de ces immeubles qu’ils réduisaient depuis une semaine en chaux et en cendre. Tôt, ils comprendront que c’est le projet du Moyen Orient qui serait passé en fumée dans le tas qu’ils brûlent. La feront-ils sans peuples, cette sphère méditerranéenne proposée par Sarkosy? A chacun de leurs raids, il y a des milliers d’enfants qui se blottissent contre leurs mères, des mères qui se lamentent et du sang qui monte dans les têtes des jeunes. Ils savent que dans leurs parages, il y a, non loin de chez eux, des gens qui ont les mains souillées de leur sang. La haine semée, arrosée de larmes, nourrie des sédiments d’une terre martyrisée ne produira en retour que violence et carnage. C’est sûr, qu’on dira, après avoir tout foutu en l’air, que les voisins de la région ne semblent pas très accueillants.

Avant de clore cet article, je voudrais attirer l’attention de ceux qui ne voient pas long, que la guerre en masse sous-jacente à l’industrie en masse est à son déclin. Peut-être bien aussi, que la mondialisation n’aurait été qu’« un rêve d’une nuit d’été ». Et même en l’absence de tout projet, l’humanité saura continuer à vivre et à donner. Notre survie sur cette planète tient au sens qu’on donne à la vie. C’est dans ce cadre moral basé sur le respect de soi et de l’intégrité de l’autre que tout se décide. Et quoi qu’on en dise, il n’y a pas pire que la bestialité quand elle se déchaîne ! Empêchons, donc, le désastre, avant qu’il ne soit trop tard ! Ce spectacle écœurant auquel nous assistons n’a rien d’une guerre. C’est un abattage en masse, dans un enclos, dans une arène fermée, dans le silence complice de ceux qui font la moue. Il n’y a pas de guerre quand la chair s’oppose au fer, quand le sang s’oppose à l’épée, quand des silhouettes faméliques et encore exténuées s’exposent sous des toits fragiles aux bombes de tout calibre. Un génocide, certes – encore qu’on ait mis des civils dans une boîte ficelée : un bouclage terrestre, sous-terrain, aérien, maritime et noyautage à l’intérieur. N’est-il pas obligatoire d’empêcher ceux qui se plaisent lascivement à obstruer les accès à toute solution politique, afin d’étancher leur soif à la vengeance. Et de qui ? L’Histoire ne dit pas que ces gens eussent appartenu, un jour, au Troisième Reich.


vendredi 31 octobre 2008

Mis à part le silence, tout se discute

Pas étonnant de voir mon article à propos de la chute économique imminente passé sous silence, du moment que tout tient au pub. Pourtant, je n’ai pas hésité à rappeler que j’ai été prévisible, quant à l’effondrement du communisme –neuf ans, auparavant.
Cette fois-ci, à neuf mois de la crise financière, j’ai dû sonner l’alarme sur Internet… Et pourtant, aucun message ne m’est parvenu, à cet égard, même lorsqu’il a été dit- sur le même site –(le mien), que je m’occupe des cataclysmes dans l’histoire. Ne vaut-il pas, du moins, rebrousser chemin et relire attentivement le contenu de l’article flash-back sur mes articles de fond ?
Bientôt paraitra le livre que j’ai promis d’écrire. S’agissant d’une nouvelle thèse, je suis sûr qu’elle aidera à comprendre autrement les mécanismes de l’histoire et les envers de la conscience.
Et pour ceux qui veulent voir loin, ils peuvent se procurer mon roman : Désert d’avatars, il les éclairera sur l’avenir incertain qui nous attendrait, si jamais on persistait à feindre la sourde oreille.
Pour ma part, je promets de continuer à écrire, en attendant d’être compris, - après-coup. C’est ma devise encore que je sois - comme tout écrivain, d’ailleurs – condamné à témoigner de la dérive !